Soul Glo, Diaspora Problem (Epitaph, 2022)
Il y a une figure récurrente dans l’histoire du punk rock, qu’il soit mélodique ou hardcore
Finissons-en tout de suite avec le suspense inutile : Diaspora Problem est un disque qui marquera au minimum cette année 2022 et, même si les forums s’agitent aujourd’hui comme prévu sur la « trahison » de Soul Glo, leur musique a profité de leur signature sur un label qui leur a donné le temps de bien faire les choses. Le chanteur Pierce Jordan, le bassiste GG Guerra, le batteur TJ Stevenson et le guitariste Ruben Polo (qui a quitté le groupe juste avant la sortie de l’album car il est accusé de viol par son ancien compagnon) avaient avant cela publié depuis 2015 des cassettes et compilations dans un savant désordre, enregistrant quand ils le pouvaient leur musique dans une urgence qui se préoccupait beaucoup plus de l’énergie que de la qualité structurelle de leurs chansons. Ce sont ces morceaux qui ont peu à peu fabriqué leur petite légende de groupe à suivre de près dans le milieu du punk hardcore, cette version violente et très politique du genre, mais aussi dans les sphères sœurs du screamo (le hardcore hurlé) et du punk le plus expérimental.
Diaspora Problem rassemble tout cela aujourd’hui sans rien abandonner de la hargne et de l’ambition avant-gardiste du groupe depuis ses débuts. Mieux, Soul Glo a fait un pas de géant dans l’organisation sonore de sa musique qui tient perpétuellement en équilibre savant entre le hardcore classique, un hip-hop furieux, le free jazz le plus bruyant et un fond mélodique qui parvient à rester toujours présent. Peu de groupes donnent autant de choses à entendre dans une telle fureur sonore et Diaspora Problem pourra pour cela plaire bien au-delà de sa bulle stylistique principale.