De Colmar (Haut-Rhin)
Dans le murmure incessant de sonneries et de vrombissement des machines, un nouveau bruit résonne. Ding. Suspense. « Négatif ! », s’exclame Noémie Steffan. La « bed manager », responsable de la gestion des lits, brandit l’étiquette autocollante porteuse de bonne nouvelle. Depuis le dernier passage des Jours (lire la saison 2 d’Urgences), il y a eu du changement aux urgences Louis-Pasteur de Colmar. Noémie est devenue brune et, fin octobre, le service s’est affranchi de l’attente des résultats de tests Covid livrés par le laboratoire. Deux petites machines sont désormais reines et trônent dans la salle de biologie délocalisée des urgences. Comme toujours, long coton-tige en main : tournicoti dans le nez du patient, tournicota dans le capteur du robot qui guide le soignant pas à pas. En quinze minutes, temps de chauffe compris, le verdict tombe. Si le signal retentit en moins de cinq minutes, c’est mauvais signe.
Plutôt que de guetter leurs mails pendant des heures alors que des dizaines de patients occupent des boxes qu’il faudra ensuite désinfecter de fond en comble, les infirmiers « frottent » les patients venus d’Ehpad, ceux qui présentent des symptômes et ceux sur le point de se faire opérer, dans les ambulances. S’ils arrivent par leurs propres moyens, l’IAO (infirmière d’accueil et d’orientation) les installe à l’écart pour les tester. Une quarantaine de tests sont ainsi effectués chaque jour ces temps-ci. « Si c’est pas Covid, tant mieux ; si c’est Covid, on les installe dans une chambre dédiée », résume Noémie Steffan.
Des chambres, en ce moment, il y en a. Dans le secteur Covid, aux premières heures de la journée ce 21 avril 2021, il n’y a qu’un seul patient. Les cinq autres lits dédiés aux porteurs du virus qui transitent par les urgences sont vides. Après une première vague destructrice au printemps 2020, le Haut-Rhin peut se targuer d’avoir un taux d’incidence inférieur à la moyenne nationale. Les malades sont moins nombreux mais ils sont aussi plus jeunes. Si l’on en croit les soignants, les 40-60 ans sont bien plus représentés aujourd’hui que leurs aînés, comme une preuve des effets de la vaccination. La plupart du temps, les malades ne sont plus intubés. « On a des appareils d’oxygénation sans sonde d’intubation qui peuvent faire passer le cap à certains patients, maintenant », souligne Noémie Steffan, alors que ses collègues s’apprêtent justement à transférer un patient en réanimation.