«Deux personnes érythréennes se sont fait encercler par des CRS, qui les ont ensuite emmenées dans un endroit hors du champ des caméras de surveillance de la station-service : là, les policiers les ont frappées au visage, les deux personnes sont tombées au sol et les CRS ont continué à les tabasser à terre. » Lucie, membre de l’association Human Rights Observers (HRO), poursuit le récit de cette nuit du 22 au 23 août 2022 : « Ça s’est passé au niveau de la station Total, dans la zone Marcel-Doret, à Calais : un petit groupe d’exilés s’étaient rendus sur ce parking afin de tenter de monter dans les camions. » L’équipe de maraude d’Utopia 56, une autre association de soutien aux migrants, est la première à arriver sur les lieux, alors que l’une des deux victimes est encore à terre, le visage ensanglanté. Les deux exilés ont raconté aux militants que les policiers, après les avoir molestés, sont repartis « en riant », les laissant gisant au sol. Des récits de violences comme ça, Lucie en récolte à la pelle : « On sait que ça se passe, les témoignages nous reviennent, mais impossible de tout documenter », se désole-t-elle.
« Avec HRO, quand on observe les expulsions de campements, qui ont lieu toutes les 48 heures, on est témoins de violences verbales de la part de la police, parfois de violences physiques ou encore de vols d’affaires appartenant à des exilés », explique Lucie. « Ils sont aussi confrontés à d’autres violences policières en dehors des expulsions et là, c’est beaucoup plus compliqué à renseigner, notamment car il y a moins de témoins. » Sa collègue Manon rapporte, elle, des récits de tentes, de sacs de couchage ou de bidons d’eau régulièrement aspergés de gaz lacrymogènes. Parfois, les abris sont lacérés à coups de cutter ou de couteau.
Les exilés sont systématiquement coursés par les policiers sur les points de passage, par exemple dans la zone industrielle de Transmarck, où circulent de nombreux poids lourds.
« Les exilés sont aussi systématiquement coursés par les policiers sur les points de passage, par exemple dans la zone industrielle de Transmarck, où circulent de nombreux poids lourds », reprend Lucie. Désormais, avec l’augmentation des tentatives de passage de la frontière par la mer (lire l’épisode 1,