Assise en tailleur, une jeune femme se caresse doucement le cou, les yeux fermés. Elle porte une fleur blanche derrière l’oreille. Une serviette enroulée autour de sa poitrine découvre largement ses jambes nues. Elle prend un bain de lumière au milieu des fougères. Voici l’affiche du salon « Bien-être médecine douce », organisé en février porte de Versailles à Paris, et présenté comme « le rendez-vous de la santé naturelle ». J’y suis allé pour prendre le pouls du milieu après deux ans de pandémie. Avec un a priori, il faut le reconnaître : j’avais visité un salon organisé en 2018 par le même géant du secteur, Spas Organisation, et y avais croisé tout un tas de charlatans (lire l’épisode 2, « Un chaman est mort »).
À l’intérieur, mon radar à allégations sanitaires douteuses et à arguments commerciaux pseudo-scientifiques a surchauffé dès le premier tour du salon. J’ai encore vu un prétendu chaman se disant guérisseur grâce à ses tambours sacrés. Puis une médium se vantant dans un prospectus d’être capable d’« ouvrir les bruns [sic] d’ADN », et exposant
Ce baratin pourrait faire sourire s’il n’était pas aussi souvent dangereux. En août 2021, en Indre-et-Loire, une femme de 44 ans est morte pendant un « stage de jeûne hydrique » organisé par le naturopathe Éric Gandon. D’après France Inter, celui-ci aurait affirmé à des participants que c’est le vaccin contre le Covid qui était responsable de la mort de la stagiaire (lire l’épisode 1, « À saisir : ordonnances pour traitements bidon contre le Covid »). Une méticuleuse enquête du Parisien a montré en octobre 2021 qu’un autre naturopathe, Miguel Barthéléry, avait prescrit des traitements alternatifs à plusieurs patients atteints de cancers, qui sont ensuite décédés. À la fois acteur du film complotiste à succès Hold-up et proche de la figure antivax Irène Grosjean, ce thérapeute a récemment été condamné à deux ans de prison avec sursis et interdiction d’exercer le métier de naturopathe. Il a fait appel.
Un nombre important de pseudo-thérapeutes, notamment des chamans et des magnétiseurs, sont par ailleurs accusés d’avoir profité de leur emprise pour escroquer leurs clients, voire les agresser sexuellement ou les violer.