Les conspis se frottent les mains. Ils jubilent même, depuis le début de l’affaire du fonds Marianne. Ce fonds, créé en avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, était censé financer des projets voués à « défendre les valeurs républicaines ». Mais des révélations conjointes de France 2 et de Marianne, puis de nouvelles de Mediapart font désormais peser de forts soupçons de favoritisme dans l’attribution d’une partie des sommes et le Sénat vient d’ailleurs de décider, mercredi 3 mai, de la création d’une commission d’enquête tandis que, de son côté, le Parquet national financier ouvre une information judiciaire pour « détournement de fonds publics par négligence », révèle ce jeudi France Inter. Sur les fils Telegram que je suis depuis le début de cette série, l’affaire revient en boucle et nourrit le sentiment d’une corruption généralisée des élites dirigeantes.
Le nom d’un des bénéficiaires du fonds Marianne suscite de nombreux commentaires : Rudy Reichstadt. Son site de référence Conspiracy Watch, qu’il a créé, a touché 60 000 euros pour la « production de notices d’information sur de grands thèmes complotistes »… et il ne lui est rien reproché du tout : la réalité comme la qualité de son travail sont reconnues. Mais peu importe pour ses ennemis conspirationnistes, pour qui les temps sont souvent durs depuis que le Covid a cessé de faire les gros titres : ils se régalent de l’affaire et amalgament tous les acteurs qui lui sont liés de près ou de loin. Un commentaire partagé à des milliers d’abonnés sur une chaîne Telegram ayant pour ambition de contester les discours officiels sur la crise sanitaire ou sur la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine explique ainsi que « Schiappa » a payé Conspiracy Watch pour « nous faire la misère et nous traiter de complotistes ».
On a ici une situation qui donne l’impression d’un petit groupe de gens qui se connaissent, qui gravitent autour du pouvoir, qui sont financés par de l’argent public sans le dire et qui ont d’importants relais médiatiques.
Une chose est vraie : Rudy Reichstadt, salarié de Conspiracy Watch, n’avait pas communiqué sur l’importante subvention que son site avait encaissée. Sauf que, quand on a pour ambition de lutter contre la désinformation, recevoir des fonds publics n’est pas infamant mais n’est pas anodin non plus. Depuis les révélations sur le fonds Marianne, le poison du doute a infecté, au moins en ligne, la plupart des publications de fact-checking et de lutte contre la désinformation. On a vu par exemple le journaliste de France Info Julien Pain être accusé d’avoir