Qu’est-ce qui est pire qu’une langue de bœuf trop cuite puis réchauffée trop longtemps ? Les épinards de la cantine, bien sûr. C’est en tout cas ce qu’on retient de vos témoignages et pires souvenirs de cantoche et autres restaurants scolaires qui ont fleuri sur Twitter après la publication de l’épisode 12 de cette série, « Les drames de la cantine ».
Au moment où nous écrivons ce nouvel épisode, 20 % de vos plaintes concernent les épinards, qu’ils soient servis en tarte ou avec de la béchamel. Nous avons découvert à cette occasion une légende urbaine visiblement très répandue : beaucoup d’ex-écoliers et ex-collégiens jurent que les épinards étaient uniquement servis les lendemains de tonte de la pelouse. Coïncidence ? Certains d’entre vous ne le pensent toujours pas, même des années après.
Au deuxième rang de votre palmarès du pire de la cantine, on trouve donc la langue de bœuf, avec un peu moins de 10 % des références. Puis viennent ex æquo toutes sortes de légumes, du chou-fleur au salsifis. Rien que du très classique pour la diététicienne Ariane Grumbach, qui a observé des enfants à la cantine tout au long de sa carrière et qui voit dans son cabinet beaucoup d’adultes ayant hérité certains dégoûts de leur scolarité. Elle explique : « Un mauvais souvenir de cantine peut faire renoncer beaucoup de gens à certains aliments, ils sont persuadés que ça ne peut pas être bon. C’est surtout le cas pour les légumes que tous les parents ne cuisinent pas, comme les salsifis ou les choux de Bruxelles, et dont le seul souvenir est parfois celui de la cantine. »
Pourquoi ne trouve-t-on pas de pâtes ou de frites dans nos pires souvenirs ? « Il y a un atavisme qui fait qu’on se dirige vers ce qui est le plus nourrissant. Mais il n’y a pas que ça. À la cantine, les aliments sont souvent trop cuits, tout devient une espèce de bouillie. Pour certains plats, les enfants laissent donc les trois quarts de leur assiette. C’est vrai qu’ils laissent moins les jours de pâtes ou de pommes de terre mais c’est aussi parce que des pâtes trop cuites n’ont pas trop de goût, elles sont donc facilement mangeables alors que certains légumes trop cuits ou trop réchauffés deviennent amers ou mous. »
Cela veut-il dire qu’en servant des légumes cuisinés différemment, on pourrait réconcilier beaucoup de palais avec les plats de la cantoche ? On vous propose de faire le test, avec la série de recettes qui suit.
Vos pires souvenirs concernent les épinards et la langue de boeuf.